« Pour moi, le dessin a toujours été fondamental, si bien que dans tous mes catalogues, je fais figurer mes croquis car ils sont la synthèse de ce que je veux dire. »
“Per me il disegno è sempre stato fondamentale, tant’è vero che in tutti i miei cataloghi sono sempre presenti i miei schizzi, perché sono la sintesi di ciò che voglio dire.”

Alessandra Giovannoni, Rome/Roma, 2021
Quels sont tes premiers souvenirs de dessin ?
Je suis romaine, et je me souviens d’avoir toujours dessiné, depuis toute petite. J’ai fréquenté le lycée classique, et de temps à autre, je faisais quelques portraits de mes camarades. Dans les années 1978-1980, j’ai suivi des études d’architecture et je dessinais alors de manière technique, mais cela ne me plaisait pas tellement. Une amie me convint alors de m’inscrire en sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, et c’est à travers cette discipline que j’ai repris goût au dessin, et que j’ai découvert la peinture, vers 1984. Depuis cette date, le dessin et la peinture ont toujours évolué de manière parallèle pour moi.
As-tu toujours dessiné sur le motif ?
Oui, j’ai toujours adoré dessiner au bord de la mer, dans les Pouilles et sur la côte romaine, à Ostia.
Il m’arrivait même de peindre sur le motif.
Je me souviens que lorsque j’allais avec des amis à la plage, je m’éloignais d’eux pour dessiner et me concentrer, puis je les rejoignais. J’ai cherché pendant des heures à dessiner l’onde, la chose la plus difficile au monde. Elle ne s’arrête jamais et le crayon de papier ne suffit pas.
Quando hai cominciato a disegnare ?
Sono romana e ho sempre disegnato, da piccola fino alle scuole medie; in seguito, ho fatto il liceo classico e allora facevo qualche ritratto ai compagni di classe, poi non ho più disegnato. Per riprendere il disegno mi sono iscritta ad Architettura – erano gli anni ’78-80 – quindi disegnavo in modo tecnico. Un’amica mi convinse poi a iscrivermi all’Accademia di belle arti, a scultura, e attraverso la scultura ho ripreso il disegno e quindi la pittura, nel 1984. Da quel momento il disegno e la pittura hanno sempre funzionato in parallelo, per me.
Hai sempre disegnato dal vero ?
Si, mi è sempre piaciuto disegnare sulla spiaggia, dovunque andassi, in Puglia come a Ostia. Anche prima dipingevo fuori. Quando andavo in spiaggia, volevo andarci da sola e se c’era un gruppo di amici, quando volevo lavorare ci andavo dopo – prima disegnavo per conto mio, perché col gruppo non riuscivo… e allora gli amici stavano in una spiaggia e io andavo un po’ più avanti e li raggiungevo dopo, altrimenti non riuscivo a concentrarmi. Cercavo di disegnare l’onda, la cosa la più difficile del mondo. Non si ferma mai e non basta la matita.

Carnet de bord de mer / Taccuino del lungomare
Quel type de carnets utilises-tu ?
J’ai toujours utilisé des carnets, de diverses formes. Au début, je saisissais le premier que je trouvais. Dès que j’étais quelque part, à la mer, dans le parc de la Villa Borghèse, que j’ai maintes fois arpenté, je cherchais à dessiner et colorer. Puis, à un certain moment, je me suis rendue compte que transporter toutes ces couleurs, les craies, les pastels, c’était fastidieux. Et petit à petit, j’ai réduit ce que j’emportais et je suis arrivée à employer ces blocs très petits et très simples, qui sont numérotés et servent habituellement de tickets. Il en existe des colorés, mais je préfère les blancs.
Je les glisse facilement dans ma poche avec le même et unique feutre et ces outils me permettent de réaliser une synthèse maximale de ce que perçoivent mon œil et mon esprit. Aujourd’hui, quand je veux dessiner un arbre, je n’en fais pas un très bon dessin, mais j’en fais un signe très synthétique et très simple, qui me permet de le garder précisément en mémoire.
Tout le monde me dit : « Mais pourquoi tu utilises des carnets aussi laids ? » Parce que le papier me plaît, il est lisse, n’empêche aucunement le tracé, et puis, ils ne coûtent rien et ont le même format que mes tableaux.
Che tipo di taccuino usi?
Ho sempre usato taccuini di varie forme. Prima usavo qualunque cosa mi capitasse.
Andavo spesso in spiaggia o a Villa Borghese e cercavo di disegnare, colorare, ma a un certo punto mi sono resa conto che andare al mare e portarsi tutti quei colori, gessetti e pastelli era un po’ noioso. Perciò, a poco a poco, ho ridotto quello che portavo con me, fino ad arrivare a usare questi blocchetti molto piccoli e semplici, con gli scontrini numerati, che posso facilmente mettere in tasca con il mio unico pennarello. Esistono con fogli colorati, ma li preferisco in bianco. Mi permettono di ottenere la massima sintesi di ciò che il mio occhio e la mia mente percepiscono. Tutti mi dicono: “Ma perché usi dei taccuini così brutti?” … perché mi piace la carta, sono economici, mi permettono di disegnare bene e hanno lo stesso formato dei miei quadri.


Les carnets-blocs / “Taccuini-blocchi”
Peux-tu décrire la manière dont tu utilises tes carnets-blocs ?
En général, j’indique la date sur le dos pour les identifier, puis, à l’intérieur, il m’arrive d’inscrire le jour et le mois, voire l’heure. Que je me déplace à pied ou à bicyclette, je les transporte toujours dans ma veste, avec mon feutre. Et, dès que quelque chose m’intrigue, ou me séduit, je m’arrête un instant, j’ouvre le carnet à n’importe quelle page et je fais un croquis rapide. Un seul dessin ne me suffit pas. Il faut que j’en fasse tant et tant.
Enfin, si j’ai un projet de peinture, je mentionne les couleurs : « vert chrome » ou « vert cobalt foncé », je sais parfaitement à quel tube de peinture à l’huile correspondent les annotations colorées que j’indique.
Puoi descrivere il modo in cui usi questi blocchetti ?
In generale scrivo la data sulla spina per identificarli e poi – solo a volte, però – metto anche il giorno, il mese, l’ora e il giorno. Che sii in bicicletta o a piedi, li metto nella tasca della giacca insieme al pennarello. Appena mi colpisce qualcosa, mi fermo un attimo, apro dove capita, e schizzo velocemente. Anche se un disegno solo non mi basta, ne devo farne tanti.
Siccome devo essere veloce per catturare mi devo fermare, infatti spreco tanta carta.
Scrivo anche colori : il verde croma o il verde cobalto scuro, perché so a quale colore corrispondono i tubetti dei colori.

Feutre / Pennarello
Tu n’utilises jamais la photographie pour prendre des notes ?
Cela m’est arrivé, mais elle ne convient pas tellement à ma peinture, qui est très synthétique. La photographie propose une vision relativement objective, alors qu’il n’y a parfois qu’une seule chose qui me frappe : cela peut être une tache de lumière jaune sur un mur, par exemple. Mon œil fait donc instantanément la synthèse, et c’est cette synthèse que je prends en note.
Est-ce qu’il t’arrive d’arracher des pages de tes carnets ?
Non, je ne les détache plus. Parfois ils se tachent, mais je les laisse comme ça. En 2002, pour une de mes premières expositions, ma galeriste m’a demandé de faire figurer certains de mes dessins dans le catalogue. J’ai donc entièrement démonté certains de mes carnets, puis les feuillets ont été photographiés, et insérés dans des pochettes en plastique. Depuis cette date, ils sont restés dans cet état, et ça ne me plaît pas.
En fait, je suis plus liée à mes carnets qu’à mes tableaux. Mes tableaux sont l’œuvre finale, mais mes carnets sont vraiment ce que je suis. Ils sont plus intimes, plus personnels.
Et puis, c’est aussi une documentation à laquelle je me réfère beaucoup pour ma peinture.
Non hai mai usato la fotografia per prendere appunti ?
È successo, però non si addice proprio alla mia pittura, che è molto sintetica. La fotografia propone una visione abbastanza obiettiva, invece a volte c’è solo una cosa che mi colpisce : soltanto quella macchia gialla di luce sulla parete, ad esempio. Invece di fare la sintesi dopo, con la fotografia, la faccio direttamente sul posto e lavoro di seguito.
Ti succede mai di strappare delle pagine, quando non ti piace il disegno per esempio ?
No. Potrebbe accadere che il disegno si macchi, ma lo lascio così. Non li ho più strappati perché tanti anni fa, per una delle prime mostre, nel 2002, quelli della galleria mi chiesero di farlo per mettere questi taccuini nel catalogo: me li fecero strappare tutti e alla fine ho dovuto sistemarli dentro a buste di plastica – sono rimasti tutti così e ne sono dispiaciuta. Avevo scelto quelli migliori.
Infatti, sono più legata a questi taccuini che non ai quadri. I quadri sono un lavoro andato, finito, invece questi sono proprio me, capisci ? Riflettono la mia personalità. Sono più intimi. Più personali. Più personali dei quadri. E poi rimangono come documentazione. Per un dipinto di un soggetto sul mare, vado e ritrovo i miei appunti e quindi lo posso fare.

Feuillets de carnets détachés après numérisation / Fogli staccati da un taccuino per la digitalizzazione
Est-ce qu’il t’est arrivé de faire un carnet qui ait une forme différente, qui soit pensé comme un récit ?
Une galeriste avec qui je travaillais dans les années 1990 m’invita à réaliser un livre d’artiste et on a donc choisi ensemble une sorte de cahier. Alors, je commençai à travailler à la Villa Borghèse et je me souviens avoir dessiné une vingtaine de pages sur le motif ; je dessinais et je rentrais tout de suite à la maison pour colorer. Il est devenu vraiment très beau. Et puis je l’ai donné à cette galeriste. Et je n’en ai plus entendu parler.
Il y a deux ans, mon nouveau galeriste m’appelle et me dit : « Alessandra, viens, il y a quelque chose qu’il faut que tu voies ». Je me rends à la galerie et il me montre ce fameux carnet, qui avait été acheté par un de ses clients à une brocante de la Piazza Augusto Imperatore pour 100 euros. Je m’en souvenais très bien, parfaitement même : je me vois en train de le peindre à tempera page après page, et tout de suite après mettre un buvard entre chaque page pour ne pas qu’elles attachent. Ça m’a émue de le revoir, parce que, malgré les années, il est resté très actuel, et, même si j’ai avancé et fait d’autres choses, ce carnet avait un sens prophétique : il comprenait déjà tout ce que mon travail serait ensuite devenu.
Ti è mai successo di lavorare su un taccuino con una forma diversa, che sia pensato come un racconto ?
Un gallerista con cui lavoravo negli anni ’90 mi invitò a creare un libro d’artista e insieme scegliemmo una specie di quaderno. Così iniziai a lavorare al progetto andando a Villa Borghese e ricordo di aver disegnato una ventina di pagine dal vero. Disegnavo, poi tornavo a casa e coloravo subito i disegni; il risultato fu davvero molto bello. Lo diedi a questo gallerista, di cui poi non seppi più nulla.
Due anni fa il mio nuovo gallerista mi chiama e mi dice: “Alessandra vieni, c’è qualcosa che devi vedere!”. Sono andata in galleria e mi ha mostrato quest’importante taccuino, che uno dei suoi clienti aveva comprato in un mercatino delle pulci a Piazza Augusto Imperatore per 100 euro.
Me lo ricordavo molto bene, anzi perfettamente, mi rivedo lì a dipingere, pagina dopo pagina, con la tempera ad acqua, e subito dopo mettere una carta assorbente tra una pagina e l’altra per evitare che si incollassero. Questo taccuino può essere considerato un’opera d’arte.
Mi ha commosso rivederlo, perché anche se è stato fatto tanti anni fa è comunque rimasto molto attuale; anche se ho fatto altre cose e sono andata avanti, quel taccuino aveva un significato profetico: comprendeva già quello che sarebbe diventato il mio lavoro in seguito.

Bord de mer, peinture à l’huile, 70 × 150 cm / Lungomare, pittura a olio, 70 × 150 cm
« Pour moi, le dessin a toujours été fondamental, si bien que dans tous mes catalogues, je fais figurer mes croquis car ils sont la synthèse de ce que je veux dire. »

Alessandra Giovannoni, Rome, 2021
Quels sont tes premiers souvenirs de dessin ?
Je suis romaine, et je me souviens d’avoir toujours dessiné, depuis toute petite. J’ai fréquenté le lycée classique, et de temps à autre, je faisais quelques portraits de mes camarades. Dans les années 1978-1980, j’ai suivi des études d’architecture et je dessinais alors de manière technique, mais cela ne me plaisait pas tellement. Une amie me convint alors de m’inscrire en sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, et c’est à travers cette discipline que j’ai repris goût au dessin, et que j’ai découvert la peinture, vers 1984. Depuis cette date, le dessin et la peinture ont toujours évolué de manière parallèle pour moi.
As-tu toujours dessiné sur le motif ?
Oui, j’ai toujours adoré dessiner au bord de la mer, dans les Pouilles et sur la côte romaine, à Ostia.
Il m’arrivait même de peindre sur le motif.
Je me souviens que lorsque j’allais avec des amis à la plage, je m’éloignais d’eux pour dessiner et me concentrer, puis je les rejoignais. J’ai cherché pendant des heures à dessiner l’onde, la chose la plus difficile au monde. Elle ne s’arrête jamais et le crayon de papier ne suffit pas.

Carnet de bord de mer
Quel type de carnets utilises-tu ?
J’ai toujours utilisé des carnets, de diverses formes. Au début, je saisissais le premier que je trouvais. Dès que j’étais quelque part, à la mer, dans le parc de la Villa Borghèse, que j’ai maintes fois arpenté, je cherchais à dessiner et colorer. Puis, à un certain moment, je me suis rendue compte que transporter toutes ces couleurs, les craies, les pastels, c’était fastidieux. Et petit à petit, j’ai réduit ce que j’emportais et je suis arrivée à employer ces blocs très petits et très simples, qui sont numérotés et servent habituellement de tickets. Il en existe des colorés, mais je préfère les blancs.
Je les glisse facilement dans ma poche avec le même et unique feutre et ces outils me permettent de réaliser une synthèse maximale de ce que perçoivent mon œil et mon esprit. Aujourd’hui, quand je veux dessiner un arbre, je n’en fais pas un très bon dessin, mais j’en fais un signe très synthétique et très simple, qui me permet de le garder précisément en mémoire.
Tout le monde me dit : « Mais pourquoi tu utilises des carnets aussi laids ? » Parce que le papier me plaît, il est lisse, n’empêche aucunement le tracé, et puis, ils ne coûtent rien et ont le même format que mes tableaux.


Les carnets-blocs / “Taccuini-blocchi”
Peux-tu décrire la manière dont tu utilises tes carnets-blocs ?
En général, j’indique la date sur le dos pour les identifier, puis, à l’intérieur, il m’arrive d’inscrire le jour et le mois, voire l’heure. Que je me déplace à pied ou à bicyclette, je les transporte toujours dans ma veste, avec mon feutre. Et, dès que quelque chose m’intrigue, ou me séduit, je m’arrête un instant, j’ouvre le carnet à n’importe quelle page et je fais un croquis rapide. Un seul dessin ne me suffit pas. Il faut que j’en fasse tant et tant.
Enfin, si j’ai un projet de peinture, je mentionne les couleurs : « vert chrome » ou « vert cobalt foncé », je sais parfaitement à quel tube de peinture à l’huile correspondent les annotations colorées que j’indique.

Feutre / Pennarello
Tu n’utilises jamais la photographie pour prendre des notes ?
Cela m’est arrivé, mais elle ne convient pas tellement à ma peinture, qui est très synthétique. La photographie propose une vision relativement objective, alors qu’il n’y a parfois qu’une seule chose qui me frappe : cela peut être une tache de lumière jaune sur un mur, par exemple. Mon œil fait donc instantanément la synthèse, et c’est cette synthèse que je prends en note.
Est-ce qu’il t’arrive d’arracher des pages de tes carnets ?
Non, je ne les détache plus. Parfois ils se tachent, mais je les laisse comme ça. En 2002, pour une de mes premières expositions, ma galeriste m’a demandé de faire figurer certains de mes dessins dans le catalogue. J’ai donc entièrement démonté certains de mes carnets, puis les feuillets ont été photographiés, et insérés dans des pochettes en plastique. Depuis cette date, ils sont restés dans cet état, et ça ne me plaît pas.
En fait, je suis plus liée à mes carnets qu’à mes tableaux. Mes tableaux sont l’œuvre finale, mais mes carnets sont vraiment ce que je suis. Ils sont plus intimes, plus personnels.
Et puis, c’est aussi une documentation à laquelle je me réfère beaucoup pour ma peinture.

Feuillets de carnets détachés après numérisation
Est-ce qu’il t’est arrivé de faire un carnet qui ait une forme différente, qui soit pensé comme un récit ?
Une galeriste avec qui je travaillais dans les années 1990 m’invita à réaliser un livre d’artiste et on a donc choisi ensemble une sorte de cahier. Alors, je commençai à travailler à la Villa Borghèse et je me souviens avoir dessiné une vingtaine de pages sur le motif ; je dessinais et je rentrais tout de suite à la maison pour colorer. Il est devenu vraiment très beau. Et puis je l’ai donné à cette galeriste. Et je n’en ai plus entendu parler.
Il y a deux ans, mon nouveau galeriste m’appelle et me dit : « Alessandra, viens, il y a quelque chose qu’il faut que tu voies ». Je me rends à la galerie et il me montre ce fameux carnet, qui avait été acheté par un de ses clients à une brocante de la Piazza Augusto Imperatore pour 100 euros. Je m’en souvenais très bien, parfaitement même : je me vois en train de le peindre à tempera page après page, et tout de suite après mettre un buvard entre chaque page pour ne pas qu’elles attachent. Ça m’a émue de le revoir, parce que, malgré les années, il est resté très actuel, et, même si j’ai avancé et fait d’autres choses, ce carnet avait un sens prophétique : il comprenait déjà tout ce que mon travail serait ensuite devenu.

Bord de mer, peinture à l’huile, 70 × 150 cm / Lungomare, pittura a olio, 70 × 150 cm
“Per me il disegno è sempre stato fondamentale, tant’è vero che in tutti i miei cataloghi sono sempre presenti i miei schizzi, perché sono la sintesi di ciò che voglio dire.”

Alessandra Giovannoni, Roma, 2021
Quando hai cominciato a disegnare ?
Sono romana e ho sempre disegnato, da piccola fino alle scuole medie; in seguito, ho fatto il liceo classico e allora facevo qualche ritratto ai compagni di classe, poi non ho più disegnato. Per riprendere il disegno mi sono iscritta ad Architettura – erano gli anni ’78-80 – quindi disegnavo in modo tecnico. Un’amica mi convinse poi a iscrivermi all’Accademia di belle arti, a scultura, e attraverso la scultura ho ripreso il disegno e quindi la pittura, nel 1984. Da quel momento il disegno e la pittura hanno sempre funzionato in parallelo, per me.
Hai sempre disegnato dal vero ?
Si, mi è sempre piaciuto disegnare sulla spiaggia, dovunque andassi, in Puglia come a Ostia. Anche prima dipingevo fuori. Quando andavo in spiaggia, volevo andarci da sola e se c’era un gruppo di amici, quando volevo lavorare ci andavo dopo – prima disegnavo per conto mio, perché col gruppo non riuscivo… e allora gli amici stavano in una spiaggia e io andavo un po’ più avanti e li raggiungevo dopo, altrimenti non riuscivo a concentrarmi. Cercavo di disegnare l’onda, la cosa la più difficile del mondo. Non si ferma mai e non basta la matita.

Taccuino del lungomare
Che tipo di taccuino usi?
Ho sempre usato taccuini di varie forme. Prima usavo qualunque cosa mi capitasse.
Andavo spesso in spiaggia o a Villa Borghese e cercavo di disegnare, colorare, ma a un certo punto mi sono resa conto che andare al mare e portarsi tutti quei colori, gessetti e pastelli era un po’ noioso. Perciò, a poco a poco, ho ridotto quello che portavo con me, fino ad arrivare a usare questi blocchetti molto piccoli e semplici, con gli scontrini numerati, che posso facilmente mettere in tasca con il mio unico pennarello. Esistono con fogli colorati, ma li preferisco in bianco. Mi permettono di ottenere la massima sintesi di ciò che il mio occhio e la mia mente percepiscono. Tutti mi dicono: “Ma perché usi dei taccuini così brutti?” … perché mi piace la carta, sono economici, mi permettono di disegnare bene e hanno lo stesso formato dei miei quadri.


“Taccuini-blocchi”
Puoi descrivere il modo in cui usi questi blocchetti ?
In generale scrivo la data sulla spina per identificarli e poi – solo a volte, però – metto anche il giorno, il mese, l’ora e il giorno. Che sii in bicicletta o a piedi, li metto nella tasca della giacca insieme al pennarello. Appena mi colpisce qualcosa, mi fermo un attimo, apro dove capita, e schizzo velocemente. Anche se un disegno solo non mi basta, ne devo farne tanti.
Siccome devo essere veloce per catturare mi devo fermare, infatti spreco tanta carta.
Scrivo anche colori : il verde croma o il verde cobalto scuro, perché so a quale colore corrispondono i tubetti dei colori.

Pennarello
Non hai mai usato la fotografia per prendere appunti ?
È successo, però non si addice proprio alla mia pittura, che è molto sintetica. La fotografia propone una visione abbastanza obiettiva, invece a volte c’è solo una cosa che mi colpisce : soltanto quella macchia gialla di luce sulla parete, ad esempio. Invece di fare la sintesi dopo, con la fotografia, la faccio direttamente sul posto e lavoro di seguito.
Ti succede mai di strappare delle pagine, quando non ti piace il disegno per esempio ?
No. Potrebbe accadere che il disegno si macchi, ma lo lascio così. Non li ho più strappati perché tanti anni fa, per una delle prime mostre, nel 2002, quelli della galleria mi chiesero di farlo per mettere questi taccuini nel catalogo: me li fecero strappare tutti e alla fine ho dovuto sistemarli dentro a buste di plastica – sono rimasti tutti così e ne sono dispiaciuta. Avevo scelto quelli migliori.
Infatti, sono più legata a questi taccuini che non ai quadri. I quadri sono un lavoro andato, finito, invece questi sono proprio me, capisci ? Riflettono la mia personalità. Sono più intimi. Più personali. Più personali dei quadri. E poi rimangono come documentazione. Per un dipinto di un soggetto sul mare, vado e ritrovo i miei appunti e quindi lo posso fare.

Fogli staccati da un taccuino per la digitalizzazione
Ti è mai successo di lavorare su un taccuino con una forma diversa, che sia pensato come un racconto ?
Un gallerista con cui lavoravo negli anni ’90 mi invitò a creare un libro d’artista e insieme scegliemmo una specie di quaderno. Così iniziai a lavorare al progetto andando a Villa Borghese e ricordo di aver disegnato una ventina di pagine dal vero. Disegnavo, poi tornavo a casa e coloravo subito i disegni; il risultato fu davvero molto bello. Lo diedi a questo gallerista, di cui poi non seppi più nulla.
Due anni fa il mio nuovo gallerista mi chiama e mi dice: “Alessandra vieni, c’è qualcosa che devi vedere!”. Sono andata in galleria e mi ha mostrato quest’importante taccuino, che uno dei suoi clienti aveva comprato in un mercatino delle pulci a Piazza Augusto Imperatore per 100 euro.
Me lo ricordavo molto bene, anzi perfettamente, mi rivedo lì a dipingere, pagina dopo pagina, con la tempera ad acqua, e subito dopo mettere una carta assorbente tra una pagina e l’altra per evitare che si incollassero. Questo taccuino può essere considerato un’opera d’arte.
Mi ha commosso rivederlo, perché anche se è stato fatto tanti anni fa è comunque rimasto molto attuale; anche se ho fatto altre cose e sono andata avanti, quel taccuino aveva un significato profetico: comprendeva già quello che sarebbe diventato il mio lavoro in seguito.

Lungomare, pittura a olio, 70 × 150 cm