Nous sommes surpris, ou feignons de l’être, lorsque la police en France est filmée en train de passer à tabac des hommes qui s’entendent traiter de « sales n***** » ou de « bicots », un vocabulaire colonial et raciste qui tombe sous le coup de la loi dans notre pays. Tout se passe comme si la pénalisation des propos racistes avait permis une amnésie totale de notre histoire, qui, c’est ainsi, est coloniale : parce qu’il est interdit, le racisme n’existerait plus ? Il est temps de sortir de cette hypocrisie et de parler du racisme.
On compte dans l’histoire de l’art occidental une multitude de chefs d’œuvre représentant des femmes violées, martyres de toutes sortes. Femme tenant, dans un plat, les seins qu’on vient de lui couper, ou ses yeux arrachés, femme violée dans la forêt lors de son bain, femme enlevée, femme séquestrée, femme accablée après un viol, femme assassinée, dépecée, pénétrée par surprise, depuis le martyrologe chrétien et la mythologie gréco-romaine jusqu’au Dernier Tango à Paris de Bertolucci en passant par Goya, Degas, Otto Dix ou Balthus la liste est longue. Suzanne et les vieillards est un thème des plus emblématiques et actuels, les fameux « vieillards » sont plutôt, dans le texte biblique, ce que nous appellerions aujourd’hui des notables, des hommes de pouvoir. S’il existe naturellement des images d’hommes martyrisés dans l’histoire de la peinture, cette dernière compte en si grand nombre les images de femmes torturées en raison de leur sexe, meurtries dans leur sexe, qu’il est impossible de ne pas faire le lien avec une société où les hommes de pouvoir avaient, et continuent souvent d’avoir, la libre disposition du corps des femmes. Doit-on être surpris.e.s qu’Emmanuel Macron ait choisi un homme soupçonné de viol, et sous le coup d’une plainte pour avoir abusé de son pouvoir a des fin sexuelles, comme ministre de l’intérieur ? Ça ne surprend pas, et ça surprend encore moins les femmes, dont une sur cinq a subi un viol dans sa vie. Non, ça ne surprend pas.
En 1954 Cheikh Anta Diop, intellectuel et linguiste sénégalais s’efforce de publier sa thèse (« Nation negres et culture »). Elle sera censurée jusque dans les années 1990. Dans ce remarquable ouvrage, il démontre l’acharnement des blancs à faire disparaître les traces de l’Afrique noire dans l’histoire de l’Égypte antique, berceau majeur de la culture. Les nez des sculptures ont été amputés, les momies aux cheveux « afro » brûlées. Dans cette lutte pour rectifier l’histoire « officielle », écrite par les occidentaux, Cheik Anta Diop aura recours à la datation scientifique par le carbone 14, utilisée aujourd’hui par tous les historiens pour placer dans la frise chronologique et géographique les objets pillés dans un contexte colonial. Cheikh Anta Diop n’est ni le seul ni le premier à se battre pour son histoire, mais il fait face à une machine de guerre d’une ampleur gigantesque, la fabrique d’un récit à la gloire de l’empire occidental, par la politique mais également par l’image et l’art.
Depuis la Renaissance, la découverte de la rotondité de la terre et le projet d’un empire ou le soleil ne se coucherait jamais, l’homme occidental se représente comme invincible. Inspiré par la forme du cercle, métaphore de l’infini, il entreprend l’extraction à grande échelle de ressources naturelles qu’il imagine inépuisables. Il entreprend l’asservissement de tous les êtres, il sépare l’humain de la nature, dote à son gré d’une âme ou pas les hommes qu’il ne reconnaît pas comme ses semblables. L’enrichissement de ceux qui survivront aux grandes épidémies de peste favorise l’instauration du système bancaire, celui qui enrichira les Médicis, protecteurs des arts : pouvoir spirituel, pouvoir économique et pouvoir de l’art sont concentrés dans les mêmes mains. Le miroir, dans sa forme moderne, est inventé. L’homme blanc s’observe en toute vanité et se compare avantageusement aux autres hommes, dans un système hiérarchique basé … sur la mélanine ! C’est la conceptualisation du racisme qui va permettre l’esclavage et la colonisation. Sa base ne serait-elle donc pas l’image de soi ? Plus exactement l’image de l’autre comme radicalement distincte de soi, étroitement liée à un système économique ?
En 1666 le roi de France ouvre, sous l’impulsion de Colbert et de Le Brun, l’Académie de France à Rome ; elle n’est pas encore installée dans un palais ayant appartenu à la famille des Médicis, il sera acquis par la France sous l’Empire, mais elle est déjà impérialiste : y sont envoyés les artistes de renom, afin de copier les maîtres, mais également de représenter la France a l’étranger (la « Mission Colbert »). C’est le même Colbert, qui quelques années plus tard rédigera avec le même roi et l’Église le Code noir, réglementation des châtiments dévolus aux esclaves, perçus comme des « meubles » de l’empire. Sa philosophie du surplus d’énergie acquis par l’esclavage des hommes de couleur va perdurer pendant 500 ans : elle va changer de nom, industrialisation, capitalisme, elle va se délocaliser, mais perdurer.
Il n’y a donc pas lieu d’être surpris lorsque des gardiens de la paix lynchent, en 2020, des hommes et des femmes, l’héritage du patriarcat et du colonialisme est toujours là, celui du Maréchal Pétain n’a pas disparu, la Bac est une milice vouée à châtier les personnes issues des colonies ou leur descendant.e.s, aujourd’hui dites racisées ; non, ça ne surprend pas les victimes de ces meurtres policiers, qui depuis des années perdent leurs frères, leurs sœurs, les membres de leur famille sous les coups de la police. Ca ne surprend pas les personnes concernées, les militant.e.s qui alertent sans relâche l’opinion publique sur les violences policières ;
En pleine pandémie, on observe et on subit le sacrifice des futurs 40% de modernes pestiférés, avec la scandaleuse précarité du système hospitalier. Des affiches de remerciements sur les panneaux publicitaires laissés vacants par la crise, et des applaudissements à 20h, voilà l’unique récompense réservée aux personnes qui luttent pour la survie d’autrui, au péril de leur propre vie. Si elles se mêlent de manifester pour un salaire décent, ce sont les coups des CRS qui les attendent. Des coups, dans le meilleur des cas : en janvier 2020, on comptait 144 blessés graves parmi les « gilets jaunes », qui ne réclamaient eux aussi qu’une vie moins précaire — 14 yeux crevés, des mains arrachées, des crânes défoncés, des vies vouées à l’invalidité.
En pleine pandémie on chasse à coup de gaz lacrymogène au petit matin les réfugiés climatiques, des réfugiés fuyant nos guerres, nos catastrophes. On lacère les couvertures des plus démunis, on déloge des personnes qui pour unique maison détiennent une tente, une maison qui peut être renversée par 2 CRS. En pleine pandémie, en plein hiver.
En pleine pandémie on attaque les travailleurs les plus précaires, qui se déplacent en scooter, à coups de portière de voiture de police en plein élan, peu importe si la victime y laisse une jambe.
En pleine pandémie à Toulouse on bat jusqu’au sang un homme avec une muselière. Il y a quelques jours encore, un homme rentre chez lui pour récupérer son masque, il se fait lyncher à son domicile, lui et des jeunes dont un mineur, par trois policiers, accompagnés d’une trentaine de gardiens de la paix. D’autres ont perdu la vie. Ça ne surprend pas quand Assa Traoré dénonce le meurtre de son frère par la police depuis plus de 4 ans, Adama Traore, mais aussi Ibo, Cedric, Babakar, Mahamadou Fofana, Toufik, Romain. B, Dine.B, Boris, Mohammed Gabsi, Malik Mohammad, Mehdi, Rachid, Ibrahima Bah, Adama Guinaeve, Manuel Etile, Lakhdar Bey, Steve Maia Canino, Philippe Ferrieres, Roland S, Patrick Yem, Ange Dibenesha, Hanane Aboulhana, Fatih Karakuss, Adam Soli, Zakaria Toure, Karim Lecheheb, Allan Lambin, Jose le Pellec, Jose M, Brahim Moussa, X 21 ans, X 14 ans, X, X 50 ans, X 36 ans, X 35 ans, X 60 ans, X 49 ans, X, X 47 ans, X 30 ans, ceci comptant l’année 2019–2020 uniquement. Ça ne surprend pas quand Théo est violé avec une matraque télescopique lors d’un contrôle de la police, ça ne surprend pas, nous sommes dans une culture du viol.
La France se soulève lorsque Darmanin et Macron tentent de passer une loi contre la liberté d’expression, ça surprend, lorsque les journalistes se font tabasser : ça ne devrait pas, nous avons été largement prévenus, et la violence n’échappe qu’à ceux qui ne veulent pas voir.
Elle ne surprend pas les artistes, les historiens, les architectes, les écrivains, vecteurs de la culture occidentale, œuvrant certes main dans la main avec les institutions et souvent avec l’argent du gouvernement, mais gardiens de l’histoire, et vigilants par vocation.
Ceci est un appel aux acteurs de la culture à œuvrer, à militer, à miner ce système de l’intérieur, à le questionner, à le réformer. Notre travail est bien de façonner notre monde, forme et fond. Il ne suffit pas de ne pas être raciste. Nous devons lutter contre un racisme systémique par tous les moyens. Il ne suffit plus d’être individuellement généreux ou concerné, de manifester, ou de faire la grève, comme les gilets jaunes, gilets noirs, et en grande partie le peuple français. La fatigue est extrême, nous sommes fatigués d’un système qui ne bouge pas, d’un gouvernement qui nous manipule, et nous instrumentalise souvent, nous, les artistes.
Ceci est un appel aux artistes, à tous les artistes. Prenons nos responsabilités avant que l’Histoire nous dépasse. Il est encore temps, avant que la prochaine fois le feu*
*Baldwin, 1963
Nous sommes surpris, ou feignons de l’être, lorsque la police en France est filmée en train de passer à tabac des hommes qui s’entendent traiter de « sales n***** » ou de « bicots », un vocabulaire colonial et raciste qui tombe sous le coup de la loi dans notre pays. Tout se passe comme si la pénalisation des propos racistes avait permis une amnésie totale de notre histoire, qui, c’est ainsi, est coloniale : parce qu’il est interdit, le racisme n’existerait plus ? Il est temps de sortir de cette hypocrisie et de parler du racisme.
On compte dans l’histoire de l’art occidental une multitude de chefs d’œuvre représentant des femmes violées, martyres de toutes sortes. Femme tenant, dans un plat, les seins qu’on vient de lui couper, ou ses yeux arrachés, femme violée dans la forêt lors de son bain, femme enlevée, femme séquestrée, femme accablée après un viol, femme assassinée, dépecée, pénétrée par surprise, depuis le martyrologe chrétien et la mythologie gréco-romaine jusqu’au Dernier Tango à Paris de Bertolucci en passant par Goya, Degas, Otto Dix ou Balthus la liste est longue. Suzanne et les vieillards est un thème des plus emblématiques et actuels, les fameux « vieillards » sont plutôt, dans le texte biblique, ce que nous appellerions aujourd’hui des notables, des hommes de pouvoir. S’il existe naturellement des images d’hommes martyrisés dans l’histoire de la peinture, cette dernière compte en si grand nombre les images de femmes torturées en raison de leur sexe, meurtries dans leur sexe, qu’il est impossible de ne pas faire le lien avec une société où les hommes de pouvoir avaient, et continuent souvent d’avoir, la libre disposition du corps des femmes. Doit-on être surpris.e.s qu’Emmanuel Macron ait choisi un homme soupçonné de viol, et sous le coup d’une plainte pour avoir abusé de son pouvoir a des fin sexuelles, comme ministre de l’intérieur ? Ça ne surprend pas, et ça surprend encore moins les femmes, dont une sur cinq a subi un viol dans sa vie. Non, ça ne surprend pas.
En 1954 Cheikh Anta Diop, intellectuel et linguiste sénégalais s’efforce de publier sa thèse (« Nation negres et culture »). Elle sera censurée jusque dans les années 1990. Dans ce remarquable ouvrage, il démontre l’acharnement des blancs à faire disparaître les traces de l’Afrique noire dans l’histoire de l’Égypte antique, berceau majeur de la culture. Les nez des sculptures ont été amputés, les momies aux cheveux « afro » brûlées. Dans cette lutte pour rectifier l’histoire « officielle », écrite par les occidentaux, Cheik Anta Diop aura recours à la datation scientifique par le carbone 14, utilisée aujourd’hui par tous les historiens pour placer dans la frise chronologique et géographique les objets pillés dans un contexte colonial. Cheikh Anta Diop n’est ni le seul ni le premier à se battre pour son histoire, mais il fait face à une machine de guerre d’une ampleur gigantesque, la fabrique d’un récit à la gloire de l’empire occidental, par la politique mais également par l’image et l’art.
Depuis la Renaissance, la découverte de la rotondité de la terre et le projet d’un empire ou le soleil ne se coucherait jamais, l’homme occidental se représente comme invincible. Inspiré par la forme du cercle, métaphore de l’infini, il entreprend l’extraction à grande échelle de ressources naturelles qu’il imagine inépuisables. Il entreprend l’asservissement de tous les êtres, il sépare l’humain de la nature, dote à son gré d’une âme ou pas les hommes qu’il ne reconnaît pas comme ses semblables. L’enrichissement de ceux qui survivront aux grandes épidémies de peste favorise l’instauration du système bancaire, celui qui enrichira les Médicis, protecteurs des arts : pouvoir spirituel, pouvoir économique et pouvoir de l’art sont concentrés dans les mêmes mains. Le miroir, dans sa forme moderne, est inventé. L’homme blanc s’observe en toute vanité et se compare avantageusement aux autres hommes, dans un système hiérarchique basé … sur la mélanine ! C’est la conceptualisation du racisme qui va permettre l’esclavage et la colonisation. Sa base ne serait-elle donc pas l’image de soi ? Plus exactement l’image de l’autre comme radicalement distincte de soi, étroitement liée à un système économique ?
En 1666 le roi de France ouvre, sous l’impulsion de Colbert et de Le Brun, l’Académie de France à Rome ; elle n’est pas encore installée dans un palais ayant appartenu à la famille des Médicis, il sera acquis par la France sous l’Empire, mais elle est déjà impérialiste : y sont envoyés les artistes de renom, afin de copier les maîtres, mais également de représenter la France a l’étranger (la « Mission Colbert »). C’est le même Colbert, qui quelques années plus tard rédigera avec le même roi et l’Église le Code noir, réglementation des châtiments dévolus aux esclaves, perçus comme des « meubles » de l’empire. Sa philosophie du surplus d’énergie acquis par l’esclavage des hommes de couleur va perdurer pendant 500 ans : elle va changer de nom, industrialisation, capitalisme, elle va se délocaliser, mais perdurer.
Il n’y a donc pas lieu d’être surpris lorsque des gardiens de la paix lynchent, en 2020, des hommes et des femmes, l’héritage du patriarcat et du colonialisme est toujours là, celui du Maréchal Pétain n’a pas disparu, la Bac est une milice vouée à châtier les personnes issues des colonies ou leur descendant.e.s, aujourd’hui dites racisées ; non, ça ne surprend pas les victimes de ces meurtres policiers, qui depuis des années perdent leurs frères, leurs sœurs, les membres de leur famille sous les coups de la police. Ca ne surprend pas les personnes concernées, les militant.e.s qui alertent sans relâche l’opinion publique sur les violences policières ;
En pleine pandémie, on observe et on subit le sacrifice des futurs 40% de modernes pestiférés, avec la scandaleuse précarité du système hospitalier. Des affiches de remerciements sur les panneaux publicitaires laissés vacants par la crise, et des applaudissements à 20h, voilà l’unique récompense réservée aux personnes qui luttent pour la survie d’autrui, au péril de leur propre vie. Si elles se mêlent de manifester pour un salaire décent, ce sont les coups des CRS qui les attendent. Des coups, dans le meilleur des cas : en janvier 2020, on comptait 144 blessés graves parmi les « gilets jaunes », qui ne réclamaient eux aussi qu’une vie moins précaire — 14 yeux crevés, des mains arrachées, des crânes défoncés, des vies vouées à l’invalidité.
En pleine pandémie on chasse à coup de gaz lacrymogène au petit matin les réfugiés climatiques, des réfugiés fuyant nos guerres, nos catastrophes. On lacère les couvertures des plus démunis, on déloge des personnes qui pour unique maison détiennent une tente, une maison qui peut être renversée par 2 CRS. En pleine pandémie, en plein hiver.
En pleine pandémie on attaque les travailleurs les plus précaires, qui se déplacent en scooter, à coups de portière de voiture de police en plein élan, peu importe si la victime y laisse une jambe.
En pleine pandémie à Toulouse on bat jusqu’au sang un homme avec une muselière. Il y a quelques jours encore, un homme rentre chez lui pour récupérer son masque, il se fait lyncher à son domicile, lui et des jeunes dont un mineur, par trois policiers, accompagnés d’une trentaine de gardiens de la paix. D’autres ont perdu la vie. Ça ne surprend pas quand Assa Traoré dénonce le meurtre de son frère par la police depuis plus de 4 ans, Adama Traore, mais aussi Ibo, Cedric, Babakar, Mahamadou Fofana, Toufik, Romain. B, Dine.B, Boris, Mohammed Gabsi, Malik Mohammad, Mehdi, Rachid, Ibrahima Bah, Adama Guinaeve, Manuel Etile, Lakhdar Bey, Steve Maia Canino, Philippe Ferrieres, Roland S, Patrick Yem, Ange Dibenesha, Hanane Aboulhana, Fatih Karakuss, Adam Soli, Zakaria Toure, Karim Lecheheb, Allan Lambin, Jose le Pellec, Jose M, Brahim Moussa, X 21 ans, X 14 ans, X, X 50 ans, X 36 ans, X 35 ans, X 60 ans, X 49 ans, X, X 47 ans, X 30 ans, ceci comptant l’année 2019–2020 uniquement. Ça ne surprend pas quand Théo est violé avec une matraque télescopique lors d’un contrôle de la police, ça ne surprend pas, nous sommes dans une culture du viol.
La France se soulève lorsque Darmanin et Macron tentent de passer une loi contre la liberté d’expression, ça surprend, lorsque les journalistes se font tabasser : ça ne devrait pas, nous avons été largement prévenus, et la violence n’échappe qu’à ceux qui ne veulent pas voir.
Elle ne surprend pas les artistes, les historiens, les architectes, les écrivains, vecteurs de la culture occidentale, œuvrant certes main dans la main avec les institutions et souvent avec l’argent du gouvernement, mais gardiens de l’histoire, et vigilants par vocation.
Ceci est un appel aux acteurs de la culture à œuvrer, à militer, à miner ce système de l’intérieur, à le questionner, à le réformer. Notre travail est bien de façonner notre monde, forme et fond. Il ne suffit pas de ne pas être raciste. Nous devons lutter contre un racisme systémique par tous les moyens. Il ne suffit plus d’être individuellement généreux ou concerné, de manifester, ou de faire la grève, comme les gilets jaunes, gilets noirs, et en grande partie le peuple français. La fatigue est extrême, nous sommes fatigués d’un système qui ne bouge pas, d’un gouvernement qui nous manipule, et nous instrumentalise souvent, nous, les artistes.
Ceci est un appel aux artistes, à tous les artistes. Prenons nos responsabilités avant que l’Histoire nous dépasse. Il est encore temps, avant que la prochaine fois le feu*
*Baldwin, 1963