Monolithes, 2021
Les monolithes sont des blocs de pierre, d’un seul matériau. On les trouve à l’état naturel, parfois de dimensions spectaculaires, ce qui provoque des controverses quant à la définition, la délimitation du bloc, de l’entité naturelle et de la possibilité d’être à la fois bloc et composite.
Sous leur forme naturelle, les monolithes ont généré de nombreuses croyances, superstitions et rites chez les humains.
Rapidement, ils s’en sont donc emparés, cherchant à les dresser, les tailler, les déplacer, les extraire. Les monolithes racontent l’histoire de la technique, de la domination de l’homme sur l’homme et de l’homme sur la nature.
L’homme cherche à fabriquer ses propres monolithes, à altérer ceux naturels pour les rendre habitables comme l’architecte André Bloc et le sculpteur Ugo La Pietra - les pierres ont un humour un peu lourd.
Les monolithes sont la surface idéale d’inscription de signes, inaltérables ou presque, du moins à l’échelle de l’homme. Ils sont aussi le support de projection des rêves, des utopies, mais surtout des recherches de sens. Le vivant a en partage les pierres dont les rêves sont faits.
Un premier monolithe découvert sur Mars semble répondre à la fois à nos angoisses de solitude et nous inviter à une nouvelle forme de colonisation une fois que la destruction de cette planète sera achevée.
En 2020, des monolithes qui n’en sont pas, car métalliques, apparaissent aux Etats-Unis, au Canada, en Roumanie, sur l’Ile de Wight, à Mumbai et Ahmedabad, à Kinshasa, Kanne, Casablanca, Ostrokovice, Ambilet, Hohenschwangau, et même à Lanuvio dans une version non finita. Est-ce un signe ? Un mauvais augure ? Une blague planétaire ? Une énième combinaison de communication, art contemporain et spéculation capitaliste ?
Le philosophe Pacôme Thiellement nous aide à répondre au cours d’une émission radiophonique : Ce monolithe, c'est un gigantesque S.O.S.
Je suis d’accord : c’est un signal de détresse pathétique que l’humanité s’envoie à elle-même, feignant de croire que des extraterrestres pourraient lui parler en employant un vocabulaire esthétique issu d’un film de science-fiction des années 60.