C'est l'histoire d'un trou qui se répète, mais ne se ressemble jamais. Un trou purement architectural, mais qui n'existe que pour lui-même. Un trou pour l'architecture.
L'imposante maquette en plâtre du projet de Très Grande Bibliothèque d'OMA est constituée d'une masse de gypse, près d'un mètre cube de matière, soigneusement évidée d'une série de volumétries dessinées, qui forment architecture. L'autre partie de la maquette, son négatif, représente en plâtre la volumétrie de ces même vides, suspendus dans l'espace.

Maquettes en plâtre du projet TGB d’OMA pour une exposition au Stedelijk Museum, Amsterdam, 1989
Photo par Hans Werlemann © OMA
Le plâtre coulé, le moulage en lui-même semblent se prêter parfaitement à l'expression de l'approche architecturale qui justement joue de formes et contre-formes pour fabriquer des espaces. Le procédé même du coulage allait provoquer deux phénomènes très intéressants.
Le premier est que le jeu de maquettes allait être reproduit plusieurs fois, fait rare, pour diverses expositions ou institutions, utilisant les toujours les mêmes coffrages artisanaux que pour la première version de 1989.
Le second est un trou.
Car malgré la rationalisation de la production de la maquette, un de ses éléments allait résister à la reproduction en série. Peut-être est-ce là la caractéristique irréductible du trou. En tout cas la première. Il ne peut pas être reproduit à l'identique car il est accidentel. Accidentel entendu comme créant un événement unique dans l'homogénéité, dans la cohérence de la surface ou de la masse qu'il perfore. La deuxième qualité intrinsèque du trou serait peut-être qu'il arrive à postériori, et est le fruit d'une force extérieure. Qui sait. En tout cas, c'est d'un trou que l'on parle.

Trou de 1989
Un trou fait à la main dans une maquette d'architecture qui vient souligner l'importance de l'improvisation, de la spontanéité. Un trou creusé en quelques coups de marteau dans le plâtre encore chaud pour permettre au visiteur d'y jeter un œil au et découvrir un espace du projet invisible jusqu'alors, du fait de l'opacité du gypse qui le dissimulait.

Trou de 2004
Et ainsi l'abstraction suprématiste du plâtre, qui traduisait bien l'ambition presque biblique d'un projet de bibliothèque nationale d'une telle envergure se trouve rompue. L'élément le plus fin, le plus détaillé, une succession de minuscules éclats, d'écailles enlevées à la surface redonne une échelle humaine à cet effort insensé.
Et si, dans un élan très 'envoi de Rome', se succèdent toujours les copies des plâtres architecturaux, toutes diffèrent par leur trou, et leur singularité surgit à travers celui-ci.
Article basé sur des discussions avec Vincent de Rijk, lors de sessions de travail dans son atelier à Rotterdam, et d’une interview donnée par téléphone en décembre 2020, Remerciements à Vincent de Rijk et à Talitha van Dijk des archives d’OMA pour leur travail, leur gentillesse et leur immense savoir.
C'est l'histoire d'un trou qui se répète, mais ne se ressemble jamais. Un trou purement architectural, mais qui n'existe que pour lui-même. Un trou pour l'architecture.
L'imposante maquette en plâtre du projet de Très Grande Bibliothèque d'OMA est constituée d'une masse de gypse, près d'un mètre cube de matière, soigneusement évidée d'une série de volumétries dessinées, qui forment architecture. L'autre partie de la maquette, son négatif, représente en plâtre la volumétrie de ces même vides, suspendus dans l'espace.

Maquettes en plâtre du projet TGB d’OMA pour une exposition au Stedelijk Museum, Amsterdam, 1989. Photo par Hans Werlemann © OMA
Le plâtre coulé, le moulage en lui-même semblent se prêter parfaitement à l'expression de l'approche architecturale qui justement joue de formes et contre-formes pour fabriquer des espaces. Le procédé même du coulage allait provoquer deux phénomènes très intéressants.
Le premier est que le jeu de maquettes allait être reproduit plusieurs fois, fait rare, pour diverses expositions ou institutions, utilisant les toujours les mêmes coffrages artisanaux que pour la première version de 1989.
Le second est un trou.
Car malgré la rationalisation de la production de la maquette, un de ses éléments allait résister à la reproduction en série. Peut-être est-ce là la caractéristique irréductible du trou. En tout cas la première. Il ne peut pas être reproduit à l'identique car il est accidentel. Accidentel entendu comme créant un événement unique dans l'homogénéité, dans la cohérence de la surface ou de la masse qu'il perfore. La deuxième qualité intrinsèque du trou serait peut-être qu'il arrive à postériori, et est le fruit d'une force extérieure. Qui sait. En tout cas, c'est d'un trou que l'on parle.

Trou de 1989
Un trou fait à la main dans une maquette d'architecture qui vient souligner l'importance de l'improvisation, de la spontanéité. Un trou creusé en quelques coups de marteau dans le plâtre encore chaud pour permettre au visiteur d'y jeter un œil au et découvrir un espace du projet invisible jusqu'alors, du fait de l'opacité du gypse qui le dissimulait.

Trou de 2004
Et ainsi l'abstraction suprématiste du plâtre, qui traduisait bien l'ambition presque biblique d'un projet de bibliothèque nationale d'une telle envergure se trouve rompue. L'élément le plus fin, le plus détaillé, une succession de minuscules éclats, d'écailles enlevées à la surface redonne une échelle humaine à cet effort insensé.
Et si, dans un élan très 'envoi de Rome', se succèdent toujours les copies des plâtres architecturaux, toutes diffèrent par leur trou, et leur singularité surgit à travers celui-ci.
Article basé sur des discussions avec Vincent de Rijk, lors de sessions de travail dans son atelier à Rotterdam, et d’une interview donnée par téléphone en décembre 2020, Remerciements à Vincent de Rijk et à Talitha van Dijk des archives d’OMA pour leur travail, leur gentillesse et leur immense savoir.